dimanche 2 février 2014

Le journaliste de la GVA et la propagande nazie


Mon grand père, Robert de Haan (1918 - 2010), fut reporter au journal Les Sports avant la seconde guerre mondiale. Parmi ses nombreux écrits, j'ai retrouvé ce souvenir d'une compétition où les allemands s'étaient distingués. Un journaliste de la Gazet van Antwerpen y posa un geste qui fera écho pour ceux qui, 75 ans plus tard, défendent le cordon sanitaire.


Le championnat d'Europe de water-polo de 1938.

par Robert de Haan

En 1938, pour le journal Les Sports, j'ai assuré le reportage du championnat d'Europe de water-polo. Participaient à cette compétition les équipes nationales d'Allemagne, de France, d'Italie, de Belgique et des Pays-Bas, et ce dans la petite ville de Doetinchem près de Arnhem[1].

Le tournoi fut gagné par l'équipe allemande.

A la surprise générale, lors de la remise du trophée, ce fut un groupe de militaires allemands, en grande tenue (avec leur veste à très grands revers), qui vint en prendre possession. Il était choquant de voir l'armée utiliser une victoire sportive pour servir la propagande d'Hitler.

Nous étions à la veille de la guerre. Et son antisémitisme était connu de tous.

Un fait marqua la remise de la Coupe. La tribune de presse avait été désertée. Lorsque l'hymne allemand retentit, un journaliste était resté à sa place, bien visible. Tout en haut de la tribune, resta assis Maurice Blitz, juif de nationalité belge qui couvrait le championnat pour la Gazet van Antwerpen. Il resta figé sur la banquette.

Cette simple mais courageuse prise de position n'eut heureusement aucune suite fâcheuse pour son auteur. Je m'en réjouis encore. Maurice Blitz était le père de Gérard-Louis qui jouait dans l'équipe belge, et qui fut le concepteur du Club Méditérannée. Maurice était aussi le frère de Gérard Blitz, champion olympique 1924 à Anvers.



[1] Ville martyre lors de la libération des Pays-Bas en septembre 1944