Mon grand père, Robert de Haan (1918 - 2010), fut
reporter au journal Les Sports avant la seconde guerre mondiale. Parmi ses
nombreux écrits, j'ai retrouvé ce souvenir d'une compétition où les allemands
s'étaient distingués. Un journaliste de la Gazet van Antwerpen y posa un geste
qui fera écho pour ceux qui, 75 ans plus tard, défendent le cordon sanitaire.
Le championnat d'Europe de
water-polo de 1938.
par Robert de Haan
En 1938, pour le journal Les Sports, j'ai assuré le
reportage du championnat d'Europe de water-polo. Participaient à cette
compétition les équipes nationales d'Allemagne, de France, d'Italie, de
Belgique et des Pays-Bas, et ce dans la petite ville de Doetinchem près de
Arnhem[1].
Le tournoi fut gagné par l'équipe allemande.
A la surprise générale, lors de la remise du
trophée, ce fut un groupe de militaires allemands, en grande tenue (avec leur
veste à très grands revers), qui vint en prendre possession. Il était choquant
de voir l'armée utiliser une victoire sportive pour servir la propagande
d'Hitler.
Nous étions à la veille de la guerre. Et son
antisémitisme était connu de tous.
Un fait marqua la remise de la Coupe. La tribune de
presse avait été désertée. Lorsque l'hymne allemand retentit, un journaliste
était resté à sa place, bien visible. Tout en haut de la tribune, resta assis
Maurice Blitz, juif de nationalité belge qui couvrait le championnat pour la
Gazet van Antwerpen. Il resta figé sur la banquette.
Cette simple mais courageuse prise de position
n'eut heureusement aucune suite fâcheuse pour son auteur. Je m'en réjouis
encore. Maurice Blitz était le père de Gérard-Louis qui jouait dans l'équipe
belge, et qui fut le concepteur du Club Méditérannée. Maurice était aussi le
frère de Gérard Blitz, champion olympique 1924 à Anvers.